♦ INVITATION PAR INTERMÉDIAIRE ♦

James Bond pouvait aussi bien aller se rhabiller… Visiblement, il était clair qu’il ne faisait plus le poids vis-à-vis du grand Choi Seong Min à ses côtés. Certes, l’héritier de la famille Choi n’avait peut-être pas d’innombrables gadgets comme le célèbre agent double zéro sept, mais il en avait néanmoins la prestance requise à en rendre jaloux l’agent Casanova. Caché derrière les vitres teintées de la berline noire conduite par son chauffeur, le jeune homme ne pouvait cependant montrer à tous toute cette prestance sans devoir sortir de la voiture. Après tout, un homme en complet était toujours à son avantage une fois debout, le dos droit, n’est-ce pas? Pourtant, avec ses cheveux bien coiffés, ses lunettes de soleil sur le nez, sa cravate bien nouée autour d’une chemise blanche bien repassée, cela était suffisant pour éblouir les passants lorsqu’il ouvrait la fenêtre –chose qu’il évitait de faire-. Il attirait déjà suffisamment l’attention sur lui avec l’aide unique du véhicule, il n’avait pas besoin qu’on le reconnaisse par la même occasion. Puis, il fallait avouer que l’adolescent n’avait pas la moindre envie d’arriver en retard à destination, même si en réalité il n’avait aucun horaire de planifié. Il fallait l’avouer, la célébrité rendait les M et Mme Tout-le-monde raide dingue! Puis, pour dire vrai, il avait de cela quelques semaines, promis à un gentil petit garçon –que Choi cru être un monstre mangeur de fleurs comme tous les autres de son espèce- de l’amener au parc d’amusement afin de lui faire passer une belle journée. Le pauvre lui avait bien paru de s’ennuyer avec ses milles et uns frères et sœurs. D’ailleurs, combien étaient-ils déjà? Choi ne s’en souvenait plus. Peut-être n’avait-il même pas terminé de compter lorsqu’il presque éprit d’un infarctus à son âge. Pour résumer ce court épisode, l’adolescent avait cru bien faire en apportant les devoirs d’une lycéenne qu’il appréciait sans savoir rien d’elle, ne serait-ce qu’elle était très jolie et qu’il était incapable de retirer ses yeux d’elle, soit Eun Hee Young. Suite au malheureux accident du scandale, son aîné avait voulu s’excuser puisque l’un des magasines de la Choi Entreprise en avait fait la manchette, détruisant quelque peu la vie entière de l’adolescente. Or, en se présentant dans un cartier peu fréquentable, Seong Min avait sonné. Quelle surprise de voir qu’il ne s’était pas trompé de maison –peut-être s’était-il attendu à la grosse maison avec minimum une piscine, et pas un minable appartement avec uniquement une fenêtre!-. Cependant, cela n’avait pas été le plus grand choc… Choi se foutait bien de la situation économique des gens : il était loin de pouvoir les juger. Non, en fait, ce qui failli bien le tuer fut de voir la horde d’enfants qui s’étaient arrêtés derrière la lycéenne en s’accrochant presque à sa jambe tout en fixant l’inconnu d’un regard de défi. Bien entendu, cela pouvait paraître absurde, mais une guerre d’yeux s’était alors enclenchée. En effet, ils s’étaient foudroyés du regard, soutenant ce dernier jusqu’à ce que l’un d’eux ne finisse pas céder; chose qui sembla n’arriver jamais! De la part d’un garçon presque adulte, cela pouvait sembler très immature, mais il fallait le comprendre… Le pauvre réfléchissait à ce qu’une ribambelle d’enfants puisse bien faire chez la fille de ses rêves! La seule conclusion qu’il avait réussis à avoir le plus rapidement avait été : « Ah! Elle a des mômes!.... », pour finalement apprendre quelques instants plus tard qu’il ne s’agissait que de ses cadets et qu’elle n’était que la pauvre grande sœur esclavagé pour nourrir ces monstres qui mangeaient ses fleurs qu’un anonyme lui envoyait… D’ailleurs, Choi aurait-il dû lui apprendre qu’il s’agissait de lui, ce fameux anonyme? À en voir sa mine piquée, le jeune homme en aurait été incapable… Il repensait à toutes les fleurs qu’il avait fait livrer chez Hee Young pour finalement finir dans des estomacs de monstres… C’était anatomiquement impossible! Ce ne pouvaient pas être des enfants pour manger des fleurs! Peut-être étaient-ils des sortes de vaches? Les tâches, la cloche et les pies en moins, certes… Enfin, l’étrangeté de la chose avait été qu’après l’infarctus manqué –sûrement dû à sa jeunesse et sa forme-, l’héritier avait fini par bien s’entendre avec les cadets de la lycéenne qui préparait le souper pendant ce temps. Il avait pu aussi, par le fait même, observer dans quel mode de vie la jeune femme habitait et ainsi en apprendre un peu sur elle. Sans doute n’eut-il jamais eu aussi peur pour sa vie. Le plafond craquelé menaçait de tomber n’importe quand, la moisissure qui tombait du haut des murs faisaient peur et cela n’aurait même pas étonné Choi Seong Min qu’il y est même des champignons. C’était à se demander comment ils pouvaient vivre là-dedans… Après tout, il ne fallait pas un bac en mathématiques pour comprendre qu’ils étaient beaucoup trop nombreux pour le peu d’espace alloué. Puis, comment une fille qui se permettait d’aller à Dong Yang –heureusement pour Choi qui pouvait ainsi la voir à tous les jours, où du moins, quand elle décidait de se présenter- pouvait vivre là-dedans? Les frais de scolarité étaient élevés, non? Ah moins biensûr qu’Hee Young ne fasse partie de ces exceptions comme la petite Chae Eun Hye ou encore beaucoup d’autres cette année, qui se méritait une sorte de bourse pour leurs exploits? Pourtant, Choi en aurait su quelque chose, mais ce n’était pas le cas. Le dossier mémorisé de la jeune femme ne faisait pas mention d’aucun de ces détails-là… Enfin.

CHOI SEONG MIN : « Halte…! C’est ici. Attendez-moi dans la voiture, Georges. Ça ne sera pas long. »

La portière s’ouvrit délicatement afin de laisser le chemin libre à l’adolescent de dix-huit ans qui prit le même chemin qu’il avait déjà utiliser une fois auparavant. Il faisait chaud et le pauvre commençait à se demander pourquoi il se retrouvait en habit par un temps pareil. Bien sûr! Il revenait du bureau et n’avait pas pris la peine de rentrer, ne serait-ce que pour se changer. Grimaçant alors tout en desserrant sa cravate d’une main, il avançait tranquillement vers la porte d’appartement d’Eun Hee Young. Cette fois-ci, il n’y avait aucune chance qu’il assiste à un repas à base de fleurs puisqu’il avait cessé d’en envoyer pour le bien de la santé des enfants. Si alors ils continuaient se régime, c’était qu’un autre énergumène avait donc finit par l’imiter… Espérant alors que lui non plus ne savait pas que les fleurs préférées de la demoiselle était les orchidées! Bref, Seong Min finit par tendre le bras et presser le bouton de sonnette qui lâcha un son étrange à l’intérieur de l’habitation. Nous pouvions donc rajouter dans la liste des mauvaises choses d’un tel appartement qu’il n’était pas insonorisé. Vous imaginez alors le bruit qui traverserait chez le voisin une fois que ce bout de l’immeuble ira pour s’effondrer? Pauvre homme –ou femme-… Enfin, la porte finit par s’ouvrir sur la jeune femme toujours aussi ravissante. En effet, elle était sans doute la seule chose qui pouvait contraster avec les lieux et c’était tant mieux. Pourtant, elle semblait bien occupé, voire un peu agacé de la voir sur le pas de sa porte… Peu importe, il n’était pas venu pour non plus. Enfin si, un petit peu, mais la priorité était son petit frère de sept ans. Du moins, c’était pour lui faire plaisir lui, mais aussi à Choi qui pouvait l’utiliser comme prétexte de voir sa chère Hee Young en dehors du lycée. Son hyung, Seo Il Sung, allait sans doute être fier de lui. Comme il le disait si bien, Choi pouvait sentir la « romance » approché… Il n’allait pas par contre se risquer de prédire une date afin d’éviter de se planter considérablement. Bref, affichant son plus beau sourire, le jeune homme salua sa cadette d’une année, tout en faisant exprès de ne pas lui donner plus d’attention que cela –tout était question de ruse… C’était dans le plan!-.

CHOI SEONG MIN :« Salut! Hyun Ki est là? J’avais pro… »

Aussi vite avait-il entendu son nom que le petit garçon s’était précipité sur l’entrée de la porte aux côtés de sa sœur après avoir reconnu la voix de son grand hyung. Sautillant sur place, il semblait visiblement content de le voir, ce qui fit sourire davantage Choi qui lui brassa légèrement les cheveux avant de se pencher pour se placer à sa hauteur, sans même jeter un regard à la sœur qui ne jouait maintenant plus qu’un rôle de figurant.[/list]

CHOI SEONG MIN :« Tu te rappelles que je t’avais promis de t’amener au parc d’attraction, un de ces jours? Après tout, c’est dommage qu’un petit garçon comme toi n’y soit jamais allé… Ça te dit toujours? J’ai pris congé exclusivement pour toi! »

Jetant tout de suite un regard à sa sœur pour lui demander la permission d’un air suppliant, il semblait déjà vouloir s’accrocher à Seong Min qui venait de se redresser pour regarder Hee Young à son tour. Il se doutait bien qu’en bonne grande sœur qu’elle était, elle n’allait pas permettre à son cadet de quitter ainsi avec un inconnu, même si il s’agissait du président des États-Unis d’Amérique ou simplement plus proche, de Corée de Sud. Haussant alors les épaules, l’héritier renchérit :

CHOI SEONG MIN :« Enfin, tu sais, si tu as peur pour ton petit frère, tu peux tout aussi bien venir… Je t’invite aussi. D’ailleurs, ce n’est pas ton père là-bas, sur le divan? Anyeong-Haseyo! Bref, il peut s’occuper de tes autres frères et sœurs pendant ce temps. Tu n’as pas à t’en faire pour le souper, j’ai déjà commandé le dîner et le souper pour eux… Ah, regarde, ça doit être ça d’ailleurs…! »

Effectivement, un gros camion de livraison venait de s’arrêter près de la berline, d’où deux hommes en sortirent afin d’aller chercher le buffet qui habillerait la table des Eun. Le père de ceux-ci, assis quelques secondes auparavant sur le divan, c’était même avancé vers le pas de la porte pour regarder qui pouvait bien être cet adolescent qui se résumait à être un samaritain. Avait-il gagné à rêve d’enfants? Devant le sourire de Choi, le vieil homme ne put que faire de même, sans trop savoir comment réagir. 

CHOI SEONG MIN :« J’espère que vous apprécierai la nourriture… Je me présente, Choi Seong Min. Enchanté, monsieur. Vous devez être le père d’Hee Young, je présume! J’espère que cela ne vous dérange pas que je vous emprunte votre fille aîné ainsi qu’Hyun Ki pour la journée… »

Le vieil homme secoua doucement la tête d’un air ahuri. Peut-être connaissait-il qui était Choi Seong Min? Puis, l’un des livreurs arriva avec un paquet différent des autres… Ce n’était effectivement pas de la nourriture, quoique… Le livreur demanda de voir Eun Hee Young et voyant qu’il s’agissait de la jeune femme, le lui tendit alors le paquet qui se résumait à être nul autre que des fleurs –encore-.

CHOI SEONG MIN :« J’espère que tu aimes encore les orchidées. Il m’a semblé que les lys, les roses, les pensées et les autres ne t’ont pas vraiment plut… Essaie de faire en sorte que les autres ne les mangent pas… Or, au lieu de poiroter, on y va? »